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L’homme politique



1932, l’occasion se présente pour Raphaël Babet de faire son entrée en politique avec les élections législatives.
Les deux députés réunionnais sortants, Lucien Gasparin et Auguste Brunet, sont solidement accrochés à leurs circonscriptions, Gasparin depuis 26 ans, Brunet depuis 8 ans. Ils ne voient pas d’un bon oeil l’entrée en politique de ce jeune trublion mais Babet pense que la situation économique et sociale peut laisser espérer un renouvellement du personnel politique de la Réunion. Dans les milieux influents de Saint-Denis, le nom de Babet reste attaché aux combats de François de Mahy. Il pressent qu’il y aura un jour à La Réunion une place pour un courant socialiste.

1932 : « Babet, Babet not’frère ! »

La campagne de 1932 est violente, Auguste Brunet jouit de l’appui des hommes en place et des institutions. Le Père Le Chevallier, alors curé de Piton Saint-Leu, assiste à la campagne de Babet. Il se souvient, 25 ans plus tard :

« M. Babet avait affaire à forte partie. Il entrait en compétition avec M. Brunet, réunionnais lui aussi, ancien Gouverneur Général de Madagascar. Evidemment celui-ci présentait beaucoup plus de titres et de compétences que son adversaire dont, d’ailleurs, on ne connaissait pas les précédents. Mais le peuple n’en demande pas tant. Et la masse des travailleurs réclamait Babet. Au Piton Saint-Leu, il y eut de belles bagarres où les noirs hurlaient comme des forcenés : « Babet, Babet, not’ frère ! » L’un des manifestants reçut une balle en plein front tirée par un policier énervé qui fit feu à la foule, alors qu’il eût suffi de tirer en l’air pour disperser la meute enragée. »

Le soir du 15 mai 1932, le scrutin est sans appel : Brunet, 16 589 voix ; Gasparin, 9 645 voix ; Babet 553 et Lougnon 241.
La machine électorale a fonctionné comme à l’accoutumée. Le Père Le Chevallier écrit encore : « les élections, en ce temps là plus encore qu’aujourd’hui étaient « dirigées ». Et il était bien entendu que le candidat du Gouvernement devait passer. Ce qui arriva en effet et M. Babet n’eut plus qu’à regagner Paris. »

Même s’il est blessé dans son orgueil, Babet n’est pas de ceux qui pleurent sur un échec, il pense alors que le moment est venu de créer son propre journal. Même si c’est un échec électoral, les législatives de 1932 lui ont permis de se faire connaître. C’est dans cet état d’esprit que le 3 avril 1933, Raphaël Babet crée à Saint-Denis « La Démocratie » bihebdomadaire qui porte en exergue « Organe républicain indépendant du prolétariat de la Réunion » et pour devise « Du bonheur dans tous les cœurs par le bien-être dans tous les foyers ».

Affirmer que le bonheur est un droit pour tous les foyers, c’est prendre ouvertement parti contre une société coloniale traditionnellement fondée sur l’inégalité des conditions.
Ce sont les convictions aussi des deux co-gérants et rédacteurs, Léonce Salez et Karl Petit de la Rhodière. Des liens de longue date unissaient le propriétaire du journal et son rédacteur en chef. En 1916, la sœur de Léonce Salez, Marie Azélia, avait épousé Auguste Achille, le frère de Raphaël Babet. « La Démocratie » est aussi une affaire familiale.

Léonce Salez, qui écrivait sous le pseudonyme de « Zillo » était un journaliste redouté à la plume acerbe qui lutta toute sa vie contre les inégalités sociales, l’injustice et le racisme colonial. Racisme dont il fut victime sur les bancs de l’école et du Lycée Leconte de Lisle où on fit comprendre qu’il n’y avait pas de place pour les mulâtres. Les trois animateurs de La Démocratie savent que l’école laïque est le levier de l’ascension sociale. Les Babet en sont la preuve. On peut être descendant d’affranchie et être maire de Saint-Pierre et montrer qu’il est possible de se libérer du déterminisme social.

1945 marque le retour de Raphaël Babet sur l’arène politique, mais sa campagne est mal préparée et il échoue à nouveau aux législatives de 1945 derrière Léon de Lepervanche solidement implanté dans la 2ième circonscription. L’année suivante, attaché à De Gaulle, et représentant le Rassemblement du Peuple Français aux côtés de Jean Chatel, il défend le « Non » lors des référendums pour l’adoption de la nouvelle Constitution.

Député en 1946

Au lendemain de l’assassinat d’Alexis de Villeneuve, dans un climat de grande tension, Babet l’emporte contre Léon de Lepervanche en juin 1946 sous l’étiquette Républicain Indépendant, puis à nouveau en novembre sous la bannière « Union réunionnaise » comme député de la première législature de la 4ième République.

Concert de Clif Azor

Elections municipales de 1947

Après avoir un moment espéré pouvoir se présenter à Saint-Pierre où son père avait été maire, Babet accepte la proposition de trois notables de Saint-Joseph, Edouard Lavie le Maire sortant, Evenor Techer dépositaire de rhum et Jules Vienne, instituteur, à condition que le docteur Guy Hoarau soit son premier adjoint.

Le 19 octobre 1947, la liste Rassemblement Pour le France est victorieuse. La proportionnelle intègre quatre membres de l’opposition communiste.
Plaquette de présentation Rencontres du Logiciel Libre {PDF}
Le 23 octobre, Babet est élu maire, Guy Hoarau est premier adjoint. Les électeurs, pas plus que les conseillers municipaux, n’avaient conscience d’avoir mis en place une équipe qui allait profondément modifier le visage de la commune.

Il est réélu sous l’étiquette des « Républicains Planteurs et Travailleurs réunionnais » en 1951 et celle du « Rassemblement des Gauches Républicaines » en janvier 1956. A l’Assemblée, Babet appartient au groupe Union Démocratique et Socialiste de la Résistance (U.D.S.R.) dans lequel on trouve François Mitterrand. Ce groupe parlementaire gaulliste issu de la Résistance auquel Babet a toujours adhéré fusionnera avec la S.FI.O. pour former ensuite le Parti Socialiste autour de François Mitterrand après le Congrès d’Epinay.

Don Camillo

Dans le contexte politique réunionnais de l’époque, il est difficile de dire si Raphaël Babet s’est modelé sur son électorat en s’appuyant essentiellement sur Saint-Joseph ou si l’électorat de Saint-Joseph s’est constamment identifié à son député, toujours est-il que sa réélection en tant que maire n’a toujours été qu’une formalité.

Il faut dire aussi qu’à Saint-Joseph la lettre pastorale de 1949 relayée par le Père Le Chevallier reprenant les déclarations du Saint Office a joué pleinement son rôle dissuasif. Les propagateurs du communisme sont « expressément excommuniés » et les adhérents ou les sympathisants « sont privés de la réception des sacrements ».

Tout abonné à Témoignages ou membre du parti doit se rétracter devant son curé, « au besoin devant deux témoins autrement la communion devra lui être refusée s’il se présente à la sainte table ».

Les législatives du 2 janvier 1956

Les législatives du 2 janvier 1956 se déroulent dans un climat extrêmement tendu. Saint-Joseph n’échappe pas à la règle de la fraude électorale érigée en sport national. Le rhum marron circule sous le manteau, les menaces répondent aux intimidations, à preuve ce télégramme de René Payet candidat communiste :

« Prière communiquer presse et ex-député maire St Joseph Raphaël Babet que tiendrai réunion publique place mairie mardi soir 18 heures pour autorisation et pour prévenir que confronté avec deux cents braillards avinés et soudoyés considérerai comme en état légitime défense et entrerai dedans. »

La place de la mairie et celle de l’église ne sont séparées que par la nationale et le Père Le Chevallier écrit de son côté : " Le 1er janvier le curé offre ses vœux aux paroissiens, mais il lui échoit, cette année, une tâche bien plus délicate : celle d’éclairer ses ouailles sur le choix de candidats députés (…)

Le Père ne croit pas abuser de son autorité, en insinuant, à mots couverts, que voter pour son maire serait lui témoigner la reconnaissance qu’il mérite en raison des bienfaits dont tous et chacun bénéficient depuis des années."

Raphaël Babet restera le député-maire de Saint Joseph jusqu’à sa mort le 30 août 1957. Il aura eu, entre autres, le Dr Raymond Vergès et Paul Vergès comme adversaires à l’Assemblée nationale.

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