Ville de Saint-Joseph, La Réunion

 
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Ses origines



Raphaël Babet, arrière petit-fils d’affranchie, héritier d’une dynastie de commerçants.

Peu de temps après la création du quartier, une « nommée Babet, dite Euphrasie », née à Saint-Benoît, est affranchie par Michel Grondin en août 1811. Père de ses 7 enfants, il lui donne 7 esclaves et 3200 gaulettes carrées au Baril (7,5 hectares) plantées de 2000 girofliers avec une maison d’habitation.
Cet affranchissement se fait selon l’usage, l’ancien maître devant subvenir aux besoins de l’affranchie et de ses enfants. Il leur donne une terre pour vivre et des esclaves pour la cultiver. En fait, c’était le seul moyen de transmettre son héritage. Les descendants de Michel Grondin— ils seront finalement 11— ne porteront pas son patronyme, mais ils jouiront au moins de son patrimoine. Ils sont parmi les tout premiers habitants du quartier de Saint-Joseph.

Ainsi est née la famille Babet, qui va connaître une très belle ascension sociale. Un des fils de la « Demoiselle Babet », Benoît, est sous-lieutenant de milice à Saint-Philippe en 1844. Un autre, Jean-Baptiste Arsène devient commerçant. Il se marie avec une Saint-Pierroise, Marie-Delcine Posthume. Ils ont 5 enfants dont les aînés, les jumeaux Joachim Isidor et Toussaint Victor sont nés en 1838. Ils sont plus connus sous le nom d’Augustave et Auguste. Falèse, né en 1845, s’occupe des terres familiales à la Ravine Ango. Florent, né en 1848, reprend le commerce paternel de Saint-Philippe lorsque Auguste et Augustave fondent avec leur père la société Babet Frères et Cie, rue du Commerce à Saint-Pierre. Marie Fanélie, née en 1849, épouse un avoué de Saint-Pierre.
Les frères Babet, comme on les appelle à Saint-Pierre, sont des négociants en vue qui importent des marchandises d’Europe et de tout l’Océan Indien. Ils sont en relation avec le capitaine Ricci, un corse propriétaire d’une goélette qui travaille pour eux. Ricci est établi à Saint-Pierre depuis de nombreuses années où il a épousé Marie Magdeleine Cazanove.
Leur fille, Angélina Ricci épouse Auguste Babet en 1888. Raphaël Babet est le cinquième et dernier enfant d’Angélina et d’Auguste.

Le rêve malgache

Comme journaliste, comme député puis comme ministre des Colonies, François de Mahy a constamment milité pour la colonisation de Madagascar. Il y voyait une source de développement pour la Réunion, une solution
à la misère des petits planteurs réunionnais et la concrétisation de la mission civilisatrice de la France. Déçu par son échec politique et par celui du port de Saint-Pierre, vaincu par les puissances d’argent et la concurrence du chemin de fer de la Pointe des Galets, Auguste Babet décide de tenter l’aventure malgache à 59 ans. Auguste Babet quitte la Réunion en juin 1897 par le port de la Pointe des Galets à bord du paquebot « Iraonaddy ». Avec 72 colons du Sud, il va fonder une colonie dans la province de Mananjary. Il est accompagné de sa femme Angélina et de 4 de ses enfants. Victor, l’aîné, est resté interne au
lycée Leconte de Lisle.

Après une traversée épouvantable via Tamatave, les colons se fixent à Morafeno, dans une petite vallée au milieu de la forêt de la côte sud-est.
Ils y construisent une église, une école et un cimetière.

Le village prend assez vite le nom de « Babetville ». Les conditions de vie sont particulièrement éprouvantes. Angélina décède au bout de deux ans, ainsi que sa fille Augusta.
Auguste Babet meurt quelques mois plus tard. Les époux Babet avaient établi une procuration pour leurs enfants en cas de malheur.
Les trois survivants, Auguste junior, Noélla et Raphaël sont rapatriés à Saint-Pierre et pris en charge par la famille d’André Marcelly, un ancien employé de la Société Babet frères.

Le parti Babet

L’ascension sociale, sous le Second empire, va souvent de pair avec une carrière politique, mais les choses se compliquent quand on est petits-fils d’affranchie.

Ce n’est qu’avec l’avènement de la Troisième République que les frères Babet pourront se lancer dans la politique aux côtés de François de Mahy, humaniste, journaliste et médecin des pauvres à Saint-Pierre.

En 1875, Auguste entre au Conseil municipal de Saint-Pierre, en 1879, il est Premier adjoint aux côtés de Théodore Thomas et de son ancien maître, Désiré Barquisseau. Leur programme est la construction du port de Saint- Pierre. Le 18 décembre 1881, Auguste Babet est Maire de Saint-Pierre, le « parti Babet » républicain et démocrate l’ayant emporté sur le « parti des aristocrates ».

Il sera maire jusqu’en 1888, conseiller jusqu’en 1890. Il reste l’homme du port de Saint-Pierre, de la lutte pour l’instruction de tous les enfants sans distinction, de la laïcisation de l’enseignement et de la défense des droits des travailleurs.

En 1883, Augustave, son jumeau se présente aux cantonales à Saint-Joseph aux côtés de Léonce Brunet contre les conservateurs Bourgine et Emile Bellier. Il est aidé par son frère Florent, adjoint au maire de Saint-Philippe mais ils sont battus de quelques voix. Augustave avait attaqué les « aristocrates » et comparé Bourgine à Louis XIV, ce dernier lui avait répondu en le comparant à Toussaint Louverture !

En 1885, Le Salazien écrit, à propos des Babet : « A Saint-Pierre les nègres sont au pouvoir »...

Un voyage difficile

Extrait d’une lettre du 5 juin 1897 du Secrétaire Général Jean François au
Gouverneur de La Réunion.

Ces colons ont été dirigés de Saint-Pierre à la Pointe des Galets en chemin de fer. Puis ils ont été embarqués sur le paquebot « Iraonaddy » en qualité de passagers de pont sans nourriture. Je ne sais s’ils avaient été prévenus, mais il est certain qu’ils n’avaient pris aucune provision, que le bord leur a, naturellement, refusé à manger et qu’ils n’ont pu prendre aucune nourriture entre Bourbon et Tamatave où ils sont arrivés le 2 à 4h du soir, fatigués et de fort mauvaise humeur par une pluie torrentielle qui s’est maintenue jusqu’au 4 dans la soirée (...) Ils ont dû passer encore une nuit sur le pont de « l’Iraonaddy » dans de très mauvaises conditions de confort.

Le lendemain matin nous avons opéré le transbordement, mais alors nous avons dû constater que les 6000 kilos de bagages annoncés par Monsieur Babet se traduisaient par 60 à 70 mètres cubes d’encombrement par des sommiers, des fauteuils, des pliants et autres meubles, des caisses contenant des plantes etc. etc. qui encombraient l’entrepont réservé à ces passagers pour s’abriter la nuit et en cas de mauvais temps.
Cependant la pluie continuait toujours et ne contribuait pas peu à augmenter la mauvaise humeur de ces pauvres gens, qu’avec quelques réconfortants et un repas chaud nous réussîmes à calmer un peu.
Le bateau « Marie Louise » a quitté Tamatave le 5 juin à 9 heures, à destination de Mananjary » (...)

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Saint-Jo, demain