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L’homme d’affaires parisien



Quand il revient à Saint-Pierre, orphelin de père et de mère. Raphaël Babet a 5 ans. Il ne lui reste que l’oncle Falèse Babet et ses enfants qui habitent à la Ravine Ango dans la maison ancestrale baptisée « Charmille » par Nelly Babet, qui reprendra elle aussi le flambeau politique du clan Babet.

Babet l’orphelin

Raphaël est inscrit à l’école publique de Saint-Pierre et il passe ses vacances chez l’oncle Falèse. Les anciens de la Ravine Ango se souvenaient encore, il n’y a pas très longtemps, du jeune Raphaël, le sabre à canne à la main, s’essayant à la culture de la vanille.

Lorsque l’oncle Falèse meurt en 1904, Raphaël a 10 ans. Nelly qui en a 17, montre des dispositions pour l’éducation des enfants de la Ravine Ango. Elle leur apprend le catéchisme, elle les aide à apprendre à lire et à écrire. Peut-être a-t-elle aussi amélioré la lecture et l’écriture de son cousin Raphaël.

La photo officielle de Raphaël pour l’élection de 1946, décore toujours la salle à manger de la villa « Charmille » que Nelly Babet, devenue institutrice, a habitée jusqu’à sa mort.

Babet, homme d’affaire avisé

Après avoir revendu la « Société Raphaël », Raphaël Babet abandonne les articles de Paris. Il pressent alors l’essor de l’automobile et crée la société « Yellow Taxis », la Société Anonyme de Location et de Vente Automobile Or, « Salvaor » et, avec deux associés, une société de réparation automobile, la « San-Ju-Ba ».

Il fonde également une société de courtage et devient importateur de carburants en provenance des Etats-Unis et de Roumanie.
Est-ce le rêve américain ou le modèle de ces hommes qu’on appelle « self-made-men » dans le Paris d’après la Grande Guerre qui donne à Babet la force de se lancer dans les affaires ? Est-ce le rêve de reconstituer la « Société Babet Frrères & Cie » ? Toujours est-il qu’il a saisi sa chance.

Celui qui s’est lancé tout jeune comme « boy sans solde » s’est forgé une personnalité de gagneur, apprenant très vite à ne compter que sur lui et à ne laisser passer aucune opportunité.

Ses bureaux sont établis dans le 8ième arrondissement, au 37 rue de Liège, ses entrepôts se situent à Clichy, rue des Bois. La famille a conservé une photographie de l’entrepôt Salvaor. On y voit des rangées de taxis rutilants. Même si le cliché a été pris pour faire une carte postale de réclame, on sent que quotidiennement, l’œil du maître est partout.

Le sol est reluisant, les chromes sont étincelants et les rangées de voitures sont alignées au cordeau avec un soin méticuleux. La fierté du propriétaire se lit à l’évidence sur la photographie. L’automobile a fait de Raphaël Babet un homme riche, son ambition ne s’arrêtera pas là.

L’homme des beaux quartiers

Il emménage alors avenue Poincarré, dans le 16ième arrondissement, où ses deux filles l’ont rejoint en 1931 après avoir quitté les grands-parents Barrois, à la mort de leur grand-père. C’est en fait sur les conseils de Victor, l’aîné des enfants Babet, que les adolescentes rejoignent leur père. Raphaël écoutait volontiers son aîné de dix ans qui était à ses yeux le chef de famille.

Les deux adolescentes sont élevées par une gouvernante suisse, le dimanche, la famille se rend dans la vallée de Chevreuse où Raphaël Babet loue la villa « Les Tilleuls ». L’été, Myriam et Claude passent habituellement leurs vacances aux Sables-d’Olonne, une des plages à la mode des années 30.

Myriam et Claude sont inscrites au lycée Victor Duruy. Pour s’y rendre, le chauffeur n’a qu’à descendre la colline de Chaillot, longer la Seine et la traverser sur le Pont Alexandre 3. Le lycée Victor Duruy donne sur l’esplanade à l’ombre des Invalides. Parcours de reines pour aller à l’école.

Raphaël Babet se remarie le 2 septembre 1933 avec Marie-Jeanne Saurin, veuve en première noce de Robert Caroll Watkins citoyen américain, puis de Dorr Eugène Felt également américain avec qui elle s’était remariée en 1929 à Paris. Elle a 46 ans lors de son mariage avec Raphaël Babet, lui n’en a que 39.

Les années 30 sont celles des Américains à Paris, artistes et hommes d’affaires sont nombreux à fréquenter la capitale. Raphaël, qui importe des carburants des Etats-Unis est en relation avec eux. C’est dans ce milieu qu’il a certainement rencontré Marie-Jeanne et ce mariage a des allures de mariage d’affaires.

Les deux époux ne se sont pas mariés sous le régime de la communauté, ils ont fait établir un contrat chez Maître Durand des Aulnois, notaire à Paris. Marie-Jeanne garde sa citoyenneté américaine qu’elle avait acquise par ses précédents mariages, ce qui lui permet, en particulier, de conserver ses droits sur la fortune américaine de son second mari.

Le couple fonde un cabinet d’assurance, « Le Soutien » et un établissement de crédit automobile, la « Banque Babet, Saurin & Cie ». L’éventail des sociétés de Babet qui couvrent le domaine de l’automobile intègre maintenant les établissements financiers. Babet se trouve donc à la tête d’un véritable groupe industriel, on pourrait presque parler d’un empire. On imagine facilement la satisfaction orgueilleuse de l’ancien « boy sans solde » contemplant l’en-tête de sa dernière création : la « Banque Babet & Cie ».

Pour couronner cette ascension sociale, Raphaël Babet est fait chevalier de la Légion d’Honneur en 1935. Ses employés lui offrent un exemplaire de la médaille avec une plaquette en argent portant l’inscription : « Le personnel de la maison Salvaor à Monsieur R. Babet Chevalier de la Légion d’honneur. 4 avril 1935 ». Cette médaille est un des rares objets personnels restés en possession de la famille.

L’installation dans le 16ième arrondissement et la Légion d’honneur, sont les marques éclatantes de la réussite sociale de Raphaël Babet. On ne peut s’empêcher de penser à Rastignac ou à Bel Ami d’autant plus que lui aussi pense au palais Bourbon.

La famille parisienne

Lorsqu’il est rapatrié à Paris après sa convalescence, il rencontre une jeune parisienne du 10ème arrondissement, Jenny Barrois, qu’il épouse le 16 février 1918.
De cette union naissent deux filles, Myriam et Claude, mais leur mère décède brutalement en janvier 1924. La cadette a quatre ans, l’aînée n’en a que cinq. Les deux fillettes sont prises en charge par une de leurs tantes et les grands-parents Barrois.

Myriam aura deux fils, François et Erick, tandis que Claude en aura un, Tristan. Ces trois petits-fils de Raphaël sont établis en métropole. Claude, sa seconde fille, réside toujours à Paris. Myriam, l’aînée, est décédée en février 2006.

Lors d’un voyage d’affaires à La Réunion en 2006, Erick a découvert Saint-Joseph et le portait de son grand-père en cherchant sur le site internet de la commune. Il a eu la surprise, en arrivant à Saint-Joseph, de trouver la fresque de Raphaël Babet, ce grand-père qu’il n’a que très peu connu puisqu’il n’avait que quatre ans en 1957. Grâce à lui le fil s’est renoué avec la famille Babet de métropole et de nombreux éléments du puzzle ont pu être rassemblés.

Raphaël Babet est toujours resté très discret sur sa vie personnelle si bien que l’homme privé était pratiquement inconnu des Saint-Joséphois tout comme l’homme public de Saint-Joseph était mal connu de ses petits-fils parisiens. L’année Babet sera sûrement l’année des retrouvailles ...

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